Sanibov, un cas concret des applications d’Harmony Grand-Est

Le 30 mars, les partenaires d’Harmony Grand-Est lançaient l’applicatif Sanibov, dans les locaux d’Estel Numérique à Malzéville.

Grâce à Sanibov, les GDS et les opérateurs commerciaux pourront échanger des indicateurs sanitaires concernant les bovins, et ainsi limiter le risque de contaminations des animaux lors du transport.

Un peu plus de quatre ans après son lancement, les premières applications concrètes issues d’Harmony Grand-Est voient le jour. C’est le cas de Sanibov, un applicatif permettant l’échange d’indicateurs sanitaires des bovins, entre les GDS du Grand-Est et les opérateurs commerciaux. Il répond notamment à la nouvelle loi de Santé animale, qui insiste sur la sécurisation sanitaire des transports et des centres d’allotement. « C’est un projet primordial pour la biosécurité, estime Florence Sezeur, présidente des GDS du Grand-Est. Aujourd’hui, l’outil informatique est indispensable pour gérer les mouvements et éviter les recontaminations et cette application sera utilisée au quotidien ».

En effet, grâce à Sanibov les opérateurs commerciaux pourront interroger en ligne les indicateurs IBR et BVD, que ce soit à l’échelle du cheptel, comme du bovin. « Sanibov renvoie une information sous forme de feu tricolore, vert, orange ou rouge, explique Julien Tisserand, responsable élevage à la CAL. Selon ces couleurs, les circuits de commercialisation seront différents, et régis par des règles de décisions définies par les GDS, la coopération agricole, la FFCB et Interbev. Connaître ces données facilitera l’organisation des tournées, afin de ne pas mélanger des animaux dont le statut sanitaire est différent ». Un pas de plus pour gérer les risques de recontamination des troupeaux. « Toutefois, si cette information peut rassurer les éleveurs acheteurs, elle ne doit pas se substituer aux prises de sang », insistent les partenaires du projet.

Le consentement de l’éleveur au centre

Et si GDS et opérateurs commerciaux échangent des données relatives aux élevages, ils ne le font pas sans le consentement des principaux intéressés : les éleveurs. « Des contrats cadres lient les GDS du Grand Est avec les opérateurs partenaires, et définissent les caractéristiques des échanges de données. Les éleveurs pourront donc les valider en toute connaissance de cause grâce aux outils mis à disposition par Harmony Grand Est. De plus, cet intermédiaire neutre assure les vérifications d’usage avant d’autoriser la transmission des données mais n’a pas droit de regard sur les données en elles-mêmes », explique Benoit Dumet, chef de projet pour Harmony. Tous les consentements peuvent être gérés en ligne.

Aujourd’hui, Sanibov ne s’intéresse qu’à l’IBR et à la BVD, mais « j’espère que nous pourrons aller au-delà, avec la besnoitiose ou la paratuberculose », expliquait Eric Pierrel, directeur du GDS des Vosges, lors du lancement de Sanibov, le 30 mars.

Cet article est paru dans « Le Paysan Lorrain » du 11 avril 2023

Assemblée Générale 2022

Découvrez notre rapport d’activité 2021 diffusé pour l’Assemblée Générale du 13 mai 2022.

ADN : des enjeux « apportés demain »

Le digital occasionne un véritable bouleversement dans les organisations de l’élevage, que ce soit dans la pratique quotidienne ou dans la relation avec les éleveurs. Riche en contenu, la journée Agri Défis Numérique du 26 avril 2017 à l’initiative de la CRAGE, a tenu ses promesses grâce à des intervenants d’expérience pour enrichir les débats et surtout grâce à une participation importante des acteurs agricoles, des éleveurs, des élus, ainsi que des dirigeants du secteur privé.

Ouverte par le vice-Président de la Chambre d’Agriculture du Grand Est, Laurent Wendlinger, cette journée a démarré tambour battant avec Jérémie Wainstain, président et Cofondateur de la Start Up The Green Data. En effet, il n’a pas fallu longtemps à l’intéressé pour nous faire comprendre que la rupture avec ce que nous connaissons aujourd’hui est telle que ce qu’ont pu connaître nos aïeux avec l’arrivée de l’électricité il y a 200 ans. L’évolution des nouvelles technologies et les enjeux majeurs du Big Data ne pourront pas se faire sans une adaptation des Métiers du monde agricole. A ce titre, la réussite du numérique passe par le partage des données techniques et économiques entre nos différentes organisations sur un langage commun pour les fiabiliser, les sécuriser et les rendre utilisables de manière simple par l’éleveur et ses conseillers.

Vincent Bochu, accompagne notamment l’émergence d’innovations en matière de production d’agroressources en mettant à disposition de la région une plateforme, la Ferme 112, qui s’appuie sur l’aménagement d’une zone économique dédiée à l’accueil d’entreprises autour d’une ferme pilote. En décloisonnant les ressources et en collaborant avec des acteurs agricoles, l’association Agro Ressources et Bio économie pour Demain (ARBD) qui pilote ce projet souhaite faciliter le transfert de connaissance et d’innovation vers les agriculteurs.

En complémentarité des structures existantes que sont les ARSOEs, Yann Lecointre, Directeur d’Evolution (1ere coopérative française et européenne dans les métiers de la génétique animale) a présenté Innoval. Ce projet politique en amont de l’élevage fédéré par Bretagne Conseil Elevage Ouest, Evolution et GDS Bretagne, a pour but de proposer de nouveaux services alliant génétique, reproduction, collecte de données conseil en élevage et sanitaire pour permettre aux éleveurs de tenir leur place dans la compétition mondiale par des services numériques à valeur ajoutée. Son intervention, dynamique et réaliste marquée par un discours soulevant la nécessaire cohésion politique d’un tel projet, a notamment permis à l’assemblée de soulever quelques questionnements sur la consolidation d’une telle structure et notamment la façon de s’y prendre dans le Grand Est pour rassembler des organismes pas toujours enclins au regroupement. Si des adaptations technico-économiques doivent être mises en place, qui aura la maîtrise de toutes ces données ?

Cette vision des acteurs de l’élevage s’est finalisée par l’intervention de Michel Pivard Président du réseau national des ARSOE et des 2 Directeurs de ces centres informatiques présents sur le Grand Est, ESTEL et Synergie Est. En mettant en avant la notion de croisement des données par le biais de passerelles WebService, Michel Pivard a permis à Sébastien Pinet (Directeur Synergie Est) et Michel Paolillo (Directeur ESTEL) de démontrer par des interventions concrètes et des démonstrations en direct toute l’importance et la nécessité de l’échange et du croisement des données dans l’intérêt de l’éleveurs, des organismes d’élevage.

Les interventions se sont clôturées autour d’une table ronde animée par Juliette Leclaire (chargée de mission FIEA) qui mettait en scène l’ensemble des acteurs de la filière élevage, de l’éleveur, au conseiller en passant par les présidents d’organismes (Bruno Faucheron et Damien Tiha). Il était important pour Anne Marie Vieu, Directrice de la CRAGE et coordinatrice de l’événement, de ne pas oublier les principaux intéressés dans ce débat, les éleveurs qui doivent rester maître de leur donnée.

Les perspectives et les enjeux pour l’élevage du Grand Est sont donc grands mais elles ne doivent pas tourner à l’obsession. Si les acteurs sont persuadés du potentiel de valorisation des données d’élevage, c’est en innovant et en collaborant qu’ils pourront avancer au risque d’être spectateur du hold-up du capital des données qui pourrait être engloutis par les des multinationales comme Google Farms.