Harmony Grand Est : de l’émergence au projet

L’association Harmony Grand Est a officiellement vu le jour en septembre 2018. Elle est née de la volonté des structures régionales de mettre en place une plateforme commune d’échange des données des élevages. Après une année de travail pour faire émerger l’association, 2019 va être marquée par la mise en oeuvre du projet.

Le monde produit aujourd’hui plusieurs milliards de données chaque jour. Le secteur agricole n’est pas en reste, d’autant plus avec le développement exponentiel de la technologie, de la robotique et des capteurs. Que deviennent ces données ? Sont-elles utilisées à bon escient ? Et quelles sont les valorisations possibles ? « Des projets ont émergé autour de l’exploitation des données d’élevage dans l’Ouest de la France à partir de 2016. Des premiers échanges autour de la valorisation des données régionales ont été initiés en 2017 par la CRA Grand Est, Elitest et les Arsoé », rappelle Anne-Marie Vieu, directrice de la CA des Vosges.
Une journée de réflexion sur la place du numérique dans l’élevage a été organisée en avril 2017 par la CRA Grand Est. La rencontre a attiré de nombreux acteurs de l’élevage. « Les participants se sont montrés intéressés. Des structures qui ont peu l’habitude de travailler ensemble se sont concertées et rapprochées pour répondre à l’enjeu du numérique », souligne Anne-Marie Vieu. Un groupe de travail plus large a émergé. La CRA Grand Est, en tant qu’organisme consulaire, a endossé le rôle de fédérateur. « Nous étions tous d’accord, dès le début, sur le fait que nous ne voulions pas créer un gros outil où mettre toutes les données. Nous tenons compte de la dispersion de ces données et privilégions les alliances. Nous ne souhaitions pas non plus faire commerce des données des éleveurs, c’est pourquoi nous avons choisi de nous réunir dans cette phase de démarrage en association et non pas en SAS.

Notre travail est essentiellement axé sur le consentement, la protection des données et la création d’une charte éthique », explique Anne-Marie Vieu. L’association Harmony Grand Est a vu officiellement le jour le 26 septembre 2018.

Un accès aux données limité

Deux groupes de travail ont été créés. « Le groupe gouvernance travaille sur l’objet d’Harmony, le modèle économique, les modalités d’entrée et de sortie des structures… Le groupe technique s’intéresse au système d’échanges de données, à la traçabilité des données, au consentement. Notre volonté est de placer l’éleveur au centre du dispositif, indique Benoît Dumet, chargé de mission numérique à la CRA Grand Est. On s’appuie sur les initiatives existantes pour construire notre projet. »
Applifarm et Api-Agro sont les deux principales initiatives aujourd’hui en place. Applifarm est une plateforme d’échange, de valorisation et de traçabilité des données d’élevage ruminant créée par des acteurs de l’élevage dans l’Ouest de la France. Api-Agro est, elle, une plateforme de partage et de diffusions de données et de services pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème agricole, fondée à l’origine par l’Acta et l’Apca. « Les organismes agricoles de l’Est pratiquaient déjà l’échange de données. Mais les structures ne savent pas toujours quelles données possèdent les uns et les autres. Notre objectif est de créer une plateforme numérique qui permette de sécuriser et de fluidifier l’échange de données. Tout le monde n’aura pas accès à toutes les données », assure Benoît Dumet. La finalité est de favoriser la création de nouveaux services aux agriculteurs.
Si le projet d’Harmony est, pour le moment, construit avec les acteurs de l’élevage, l’association est en contact avec Terrasolis qui a initié un projet en grandes cultures. « L’élevage bénéficie de nombreuses données de qualité collectées par les conseillers, les agents… Les acteurs des grandes cultures partent de plus loin : les données sont essentiellement enregistrées par les agriculteurs, et sont parfois moins fiables », note Benoît Dumet.
« Nous avons fini la phase d’émergence, le dépôt d’un dossier PEI (Partenariat européen pour l’innovation). Ce projet en vue de financer la phase opérationnelle est prévu pour janvier 2019. Nous allons entrer dans le concret. En 2019, nous allons essentiellement travailler sur le système de gestion des consentements », conclut Benoît Dumet. « Au début certains pensaient que nous prenions le train trop tard, des initiatives étaient déjà en place. Mais le projet a bien avancé en dix-huit mois de temps », se satisfait Anne-Marie Vieu.

Les dernières avancées

Les membres d’Harmony Grand Est se sont réunis en session de travail le 30 novembre dernier. Le groupe gouvernance a débattu sur de nombreux sujets, dont la structure juridique d’Harmony.  À ce jour la structure associative, sy stème très souple, semble être la structure la plus adaptée au projet. Concernant les critères d’acceptation d’un nouveau membre, il a été décidé que ce serait l’ensemble des partenaires qui validerait ou non l’entrée. Afin de faciliter les prises de décisions, la totalité des membres sera divisée en deux collèges : le premier serait composé des administrateurs et le second des autres membres. Un adhérent du second collège aura l’opportunité d’intégrer le premier collège sur décision à l’unanimité de ses membres. Du côté du groupe technique, il a été convenu que chaque membre Harmony devra apporter des données techniques et économiques dans le but d’enrichir le catalogue des données et de permettre l’établissement de nouveaux échanges via des API (interfaces de programmation). Les OPA bénéficieront d’un modèle de convention pour échanger leurs données plus aisément. Ainsi, les éleveurs
auront la possibilité via leur OPA et la plateforme Harmony d’intégrer ou non le système d’échange de données pour profiter de nouveaux services dispensés par leurs OPA grâce à Harmony.

Et concrètement ?

Que va apporter Harmony Grand Est aux éleveurs ? Benoît Dumet présente un exemple concret de mise en oeuvre possible de l’échange des données. « Les coopératives achètent des broutards chez les naisseurs pour les placer chez les engraisseurs. Or, il y a une perte d’information sanitaire entre naisseurs et engraisseurs : ces derniers traitent, pour beaucoup, systématiquement les broutards à leur arrivée car ils ne savent pas quels traitements ils ont reçu auparavant ». Une pratique qui est peu en phase avec la politique de réduction des traitements, notamment antibiotiques. « Permettre aux engraisseurs d’accéder aux données de traitement des broutards via la plateforme numérique d’échanges de données, une application sur laquelle nous travaillons ». De nombreux autres services sont désormais à imaginer.

Les structures membres d’Harmony Grand Est

Harmony compte, à la date de sa création  le 26 septembre 2018, 23 membres adhérents parmi les acteurs de l’élevage du Grand Est : APAL, CAL, chambre d’agriculture (CA) Alsace, CA Marne, CA Vosges, CA Ardennes, CA Meuse, CRA Grand Est, Comptoir Agricole, Coopérative Est, Caisse régionale du Crédit Agricole Lorraine, Elitest, Estel, EMC2, FRSEA, GDS Grand Est, Lial Rioz, Lorca Élevage, Optival, Synergie Est Arsoé, Terrasolis.

Cet article est parue dans le Cultivar Janvier 2019 et écrit par Hélène Flamand.

Harmony Grand Est fait sa rentrée !

La réunion du 8 mars 2018 a marqué les échanges dans la volonté des organismes à se fédérer ensemble autour d’une structuration des échanges de données polyculture élevage. Cette journée du 26 septembre sera celle qui a donné naissance à l’association Harmony Grand Est.

Assemblée Constitutive

Ouverte par Laurent Wendlinger et Anne Marie Vieu, cette réunion marque l’envie grandissante des structures privées comme publiques à s’ouvrir vers des horizons géographiques et des innovations, qui parfois nous dépassent en tant qu’Homme. En s’engageant à constituer une association, les 23 organismes réunis autour de la table ont prouvé qu’il était possible de s’affranchir des idées reçues et d’ouvrir une page vers des intérêts communs pour les éleveurs.
«L’éleveur est remis au centre de la problématique, au-delà de l’aspect économique que cela peut représenter pour les organismes. »

En plus des données d’organismes d’élevage (EDE, GDS, Contrôles Laitier et Centres d’inséminations), collectées aujourd’hui par les ARSOEs du Grand Est (Estel, Synergie Est,…) Harmony doit permettre d’échanger et de croiser les données de nouveaux acteurs comme des banques telles que le Crédit Agricole, des coopératives laitières, des négociants d’animaux, des associations de producteurs comme l’Apal, ou encore des coopératives céréalières.

Pour garantir la pérennité de ce projet surl’étendue de notre territoire, ont été élus : Elodie Richard (Coopérative Agricole de Céréales de Colmar) Secrétaire, Stéphane Peultier (Président APAL) Trésorier, et 2 Vices Présidents Bruno Faucheron (Président du Comité d’Orientation Elevage de la Chambre Régionale d’Agriculture du Grand Est, et Damien Tiha (Président Elitest) pour suppléer au président d’Harmony Laurent Wendlinger (Vice-Président CRAGE)

Harmony fait ses POC

Dans son objectif d’avancer pas à pas, Harmony met en place un POC (Proof Of Concept, permettant de tester une idée dans une échelle réduite et fonctionnelle) afin de travailler une thématique en lien avec l’écriture de la feuille de route d’Harmony.

Initié par EMC2, ce POC a pour thématique l’échange des données sanitaires entre éleveurs naisseurs et engraisseurs de broutards afin d’alleger les traitements (antibiotiques, vaccination…) chez les engraisseurs. Ce projet permet notamment de définir le ou les futurs protocoles d’échanges à établir entre les membres d’Harmony (mais aussi de travailler sur la contractualisation dans l’utilisation de ces données. Estel assurera, avec ses partenaires, l’analyse technique et fonctionnelle de ce dossier en travaillant plus précisément la gestion des consentements.

En plus d’être financé par l’adhésion des membres d’Harmony, ce projet est cofinancé par la région et le plan européen d’investissement (Plan Juncker) mis en place depuis 2015 à hauteur de 108000€.
« Ce projet, s’il est réussi, posera les fondements de la gouvernance pour préserver les intérêts des éleveurs face aux dérives commerciales entre partenaires mais aussi la technique en définissant une stratégie d’échanges de données, de gestion des consentements et d’encadrement juridique. » dixit Benoît Dumet, chargé de mission pour Harmony Grand Est. En structurant les bases de notre association des projets plus grands et plus innovants pourront émerger grâce au fond d’investissement Européen que nous solliciterons en janvier 2019. La gestion des données et de consentements est un sujet très présent dans le monde agricole. « C’est d’ailleurs à ce titre que l’Institut de l’Elevage a sollicité notre collectif pour son projet Multipass. »

Programme CASDAR Multipass

Objectif : Couvrir les besoins en matière de transparence des usages et de gestion des consentements de toutes les filières agricoles. Piloté par IDELE et Arvalis, les conclusions de ce groupe pourront permettre de consolider les décisions que nous serons amenées à prendre au sein d’Harmony autour de la gestion des consentements.

Harmony Grand Est marque son territoire

Après plusieurs rassemblements pour engager une réflexion commune autour de la valorisation des données de la polyculture élevage du Grand Est, la journée du 8 mars 2018 est une étape marquante et supplémentaire à la concrétisation du projet HARMONY GE.

Le soleil grandissant de ce début de matinée a sans doute contribué à la réflexion et la vision positive de ce projet, mais il ne faudrait pas rattacher cette bienveillance à un seul fait climatique.
Sous la houlette de Laurent Wendlinger, qui a rappelé l’importance de créer un projet commun régional autour d’une plateforme numérique, les 40 participants, représentant les partenaires technico-économiques du monde de l’élevage, ont pu découvrir 3 projets de plateforme : AppliFarm, Api Agro et Terrasolis.

Introduit par Xavier Wagner pour AppliFarm, les partenaires Harmony ont pu apprécier tout l’enjeu d’une plateforme numérique, à savoir : valoriser les données, créer des applicatifs d’aide à la décision pour les organismes et les éleveurs et ce sans forcément créer une base de données commune mais simplement en passant par des « passerelles ». Destiné dans un premier temps aux ruminants, le Marketplace d’Applifarm a vu le jour en janvier 2018 et contient aujourd’hui près de 800 jeux de données apportés par une douzaine d’organismes. Une réflexion a déjà été portée sur la gouvernance et la mise en place d’un comité éthique pour préserver les intérêts des éleveurs et des dérives commerciales entre partenaire. Cette plateforme se veut ouverte à tous et le Business model reste encore très ouvert en fonction des prestations demandées.

Avec une approche commerciale différente, Api Agro a présenté sa place de marché nationale. La vision économique de cette plateforme diffère de celle d’AppliFarm car Api Agro ne propose pas de service en particulier mais plus une mise en relation directe entre client et fournisseur de données par son système d’API.

Etienne Lapierre, Chargé de missions Partenariats et Projets collaboratifs chez Terrasolis nous a exposé la mission de Terrasolis et du projet Terralab. En se positionnant sur le végétal mais aussi comme plateforme physique avec la ferme 112 dans la Marne , la start-up se veut différente des précédents projets en s’affichant comme un pôle d’innovation, de tests et de ressources.

Et Harmony dans tout ça

Derrière ces trois présentations, la grande question de la journée était de déterminer comment  articuler Harmony dans un contexte ou des plateformes ont déjà vu le jour. Après quelques discussions engagées, l’ensemble des participants devait répondre à un questionnaire anonyme pour positionner notre réseau régional.

L’après-midi s’est poursuivi par des groupes de travail d’une dizaine de personnes pour identifier un modèle économique possible avec ou sans les plateformes existantes. Pour ce faire, ces séquences de travail ont fait naître plusieurs décisions : la création d’une association à des fins d’expérimentation ainsi que le lancement de la construction d’un service numérique selon trois scénarii.
Cet engagement des membres à fournir leurs données pour les agriculteurs qui serviront de jeux d’essai pour l’expérimentation est sans nul doute l’un des moments les plus significatifs mis en place depuis le début des échanges. Ce premier maillage polyculture élevage devrait aboutir à un résultat le 20 juin 2018 permettant de décider des modalités d’engagement des partenaires de l’élevage Grand Est qui mesurent la valeur ajoutée des données d’élevage dès lors qu’elles sont partagées.

Espérons que cette veille d’été sera aussi ensoleillée…

Expérimentation service numérique HARMONY

Le jeu concours « Pépinière d’idées du 27 février »  a enregistré une dizaine de projet pouvant toucher aussi bien la traçabilité, que la partie économique ou alimentaire. Ces projets nous ont permis de démarrer nos groupes de travail par une approche concrète et d’avancer aux plus vite notre expérimentation.

1er projet (conduit par P. Caussanel et B. Dumet):
En collaboration avec Applifarm, Harmony doit proposer une interaction entre suivi culture/pousse d’herbe et la valorisation technico-économique du troupeau ainsi qu’une aide au pilotage des acheteurs de viande et de lait qui pourraient bénéficier d’éléments de prédiction de livraison.

2eme projet (conduit par M. Laffrique et B. Dumet) : En collaboration avec Api Agro, Harmony proposera d’agréger les données bancaires avec des données techniques et permettre de : Connaitre en temps réel le niveau des charges opérationnelles par atelier, anticiper les fluctuations et établir des coûts de production en temps réel.

3eme projet (conduit par B. Dumet) : En partenariat avec Terrasolis, Harmony souhaite optimiser le pâturage en fonction de la pousse de l’herbe avec une application déjà baptisé « Alerte, ça pousse ! »

Cette expérimentation doit conduire à définir  le positionnement d’ Harmony et de son partenaire : les rôles de chacun, les autorités/gouvernance, le fonctionnement pour aboutir au service, ce qu’harmony accepte/refuse de son partenaire, ce qu’harmony demande à son partenaire…

3 groupes de travail vont s’investir sur ces projets et rendre leur copie pour le 20 juin !